samedi 29 février 2020

Carnet de voyage - Le temple d'Antonin et Faustine

Carnet de voyage
25/02/2020
14:30
Forum Romain-Le temple d'Antonin et Faustine

"Aimer à la démesure"

Aimer à la démesure.
Aimer à la hauteur de ces colonnes gigantesques, imposantes.
Aimer d'un amour puissant comme le marbre.
Aimer à en vouloir se rapprocher du Ciel, du Divin.
Aimer hier, aujourd'hui et dans 2000 ans.
Que cet amour antique devienne le recueil du sacré monothéiste !
Ébréché, partiellement oublié, perdu, ruiné... mais debout, indestructible depuis des millénaires.

T'aimer à la démesure.
T'aimer à la mesure.
T'aimer à ta mesure.

Et faire se sentir les autres minuscules devant nous.
J'ai l'amour mégalomane.
Je te possède et t'enferme dans un écrin monumental...et froid comme le marbre.
Froid comme mon cœur qui devrait t'aimer à la démesure mais qui ne le peut.
Mon cœur devrait t'aimer éperdument.
Je t'offrirais tout le marbre du monde pour que tu y crois, pour que jamais tu ne me quittes et ne m'ôtes cette chance d'un jour, peut-être, réchauffer mon cœur comme tes mains réchauffent le marbre, aspirer ta lumière pour la refléter et éblouir; pour que jamais tu ne me laisses seul avec mon cœur dur et froid...
Tu croiras que sur mon âme comme sur le marbre, courent de longues blessures veineuses, mais ce ne sont que les marques du temps.
Je suis façonné à être lisse.
Je reste de marbre.



N.B. : ce texte est une inspiration. Pour la véritable histoire du temple c'est par ici : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Temple_d%27Antonin_et_Faustine

Carnet de voyage - Le Soldat du Vittoriano

25/02/2020
15:22

Sur les marches de la Chiesa di Santa Maria di Aracoeli
Après la visite du Vittoriano.

"Le soldat du Vittoriano"

Dans la salle des drapeaux, je l'ai vu, il t'aurait plu.
C'était un soldat, un jeune soldat.
Accoutré de son uniforme militaire trop vieux pour lui - cet habit racontant bien plus d'histoires que ce garçon n'en racontera jamais - il était assis sur un tabouret haut, les pieds surélevés sur un barreau, lui donnant l'air recroquevillé, le regard désabusé, la mine renfrognée sous son béret tout neuf, il semblait dire
"Ma cosa ho fatto per essere qui ?"

Pas totalement désespéré, ai-je imaginé, ses ambitions restaient bouillonnantes dans les impatiences de ses doigts. Faisant claquer son pouce contre sa main comme agitant un élastique imaginaire, il trompait l'ennui, il trompait la vacuité.

Soldat ! Debout ! Il te faudra rester en poste le temps que l'invasion de touristes soit achevée dans l'Altare della Patria, l'Autel de la Patrie !

Ah... Il m'a fait rire ! Il a soulevé une vague de cynisme en moi et vraiment, je crois qu'il t'aurait plu...Je t'entendais presque me dire, l'index inquisiteur, légèrement courbé, pointé vers le ciel :  "Ah ! C'est exactement ça que..."
Que quoi ? Je ne sais pas... Mais il aurait à coup sûr touché ton obsession martiale tant il était incongru ce jeune soldat dans son treillis sans plis, fourbu de lassitude, l'oeil accablé, dont l'énergie en puissance dévastatrice ne s'exprimait que par l'intermédiaire de ce fichu bout de caoutchouc imaginaire...

Et puis, j'y suis retournée une heure plus tard. La porte était close...
Et toi, de toute façon, tu n'es pas là.

mardi 25 février 2020

Carnet de Voyage-La musique de Rome

25/02/2020
Forum Palatin
"Rome" 

Il faut entendre cette ville pour la comprendre.
C'est le bruit de la circulation dense, ce bruit incessant, jour et nuit; ce sont les sirènes des ambulances, "basse d'Alberti" allegro; ce sont les gens ici qui parlent toutes les langues mais dont le rire et les onomatopées sont apatrides; et... c'est surtout le silence.
Ce silence en bruit de fond, le silence des pierres millénaires, effondrées, en ruines mais orgueilleusement debout.

Ce silence c'est ce qui crée la vibration permanente des bruits de Rome.
Comme le tic-tac de l'horloge en pleine nuit ou le craquement des pas dans la neige...
Ici chaque son, chaque voix résonne dans cet écrin fait de passé, dans ce coeur antique à l'arrêt.
Même le bruit de mon stylo sur la page, le vent qui fait claquer les feuilles lignées sont saillants...

Au cœur de la cité aux sept collines hantée de tous ses fantômes, c'est la vie qui palpite !
Comme deux extrêmes en équilibre permanent...
L'éternel, l'éphémère
Le Sacré, le profane
L'immobile, le mouvant
Le silence, le vacarme
La Mort, la Vie !