mardi 16 mars 2010

Chapitre II : Premier cri

7h30. Le réveil sonne. Pas pour moi. Pour le voisin. Je n'irai pas par quatre chemins : il est sourd comme un pot et son portable collé au mur en mode vibreur+sonnerie est le seul moyen qu'il ait trouvé pour se saquer. BAM BAM BAM, je crois plutôt que ce sont mes coups sur sa tête de lit qui doivent être décisifs... Je l'entends qui se lève, qui s'affaire, chaque matin c'est pareil : il allume sa télé, va sous la douche, et puis paf, tap, clac, j'imagine qu'il s'habille, pim, gling, pong, il déjeûne et CLAC la porte est claquée ! Et puis tout doucement j'entends ses pas, clip, clap, clip, clap, qui s'éloignent dans la rue...
8h30. L'immeuble commence tout juste à s'apaiser. Les enfants ne galopent plus sur le parquet, les mères ne hurlent plus, les pères ne tapent plus du poing sur la table, les nounous ne cancanent plus dans le hall, tout ce petit monde est désormais là où il doit être.
9h00. Jusqu'ici j'ai fermé l'œil une heure mais à présent je peux me rendormir. Le jour est levé et l'insomnie c'est que la nuit.
15h00. J'ouvre les yeux. Je vois par la fenêtre que tout est blanc, de la neige à perte de vue (à travers les immeubles). Ni une ni deux j'enfile un pull, une paire de gants et des boots et me voilà courant comme une enfant dans la neige ! Je l'attrappe, la mange, la crache, la jette et puis je fais des anges, allongée sur le dos, je l'étreins, l'embrasse, la câline, je me roule, je me couvre le visage tout entier et ça me glace, et ça me réchauffe la moëlle, je me sens, je me SENS ! Alors je remarque là-bas un endroit tranquille à l'abri des regards de ces vieux fous par leur fenêtre qui me prennent pour une jeune folle. Le lieu est vierge, pur de toute trace d'humanité alors je cours, glisse, tombe et me mords la lèvre. Je veux me relever mais reste à genoux quand, débarrassée de mes gants, les mains en coupole sous ma bouche, j'aperçois le sang qui coule, rouge, vif, sur la neige, blanche, dévirginiser par ces 3 gouttes. Je contemple ce spectacle tandis que se lève une bise glaciale qui vient battre à mes joues, aiguise mes nerfs et envolent mes cheveux. La tête droite, fière face au vent, je me sens toute puissante et je défie ce monde de m'arrêter ! Tout me semble clair à cet instant, mon crâne se vide pour ne laisser place qu'à une seule idée qui m'emplit tout entière, qui circule dans mon sang, dans mes veines, à travers les vertèbres de ma colonne, dans mes mains en un fourmillement extatique : PARTIR !!!!

2 commentaires:

  1. Passer du froid à la chaleur. Dans le car, le brouah accompagne les corps qui se collent,transpirent, s'entremelent et se confondent. Les paysages défilent. Voir, sentir, toucher,entendre. Partir et ne plus gouter ses baisers. Laisser. Se laisser. Un peu. En partie.Tiens, est-elle vraiment partie où a t'elle seulement rêvé qu'elle partait, qu'elle partirait? Il fait de plus en plus chaud et l'odeur dans le car bondé se fait de plus en plus acre.Etoufferait-elle face au choix?

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  2. oui ! partir et larguer les amarres vers d'autres cieux plus cléments dont tu nous feras part demain avec du soleil, la mer, la montagne pas loin, des mouettes et des bateaux... pourvu qu'il n'y ait pas un tsunami ... ce serait le pire de tout !!!! mais non ! tu vas y arriver à décoller de l'oppression de la tristesse...

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